Portrait
Des manières de s’exprimer, de respirer et d’exister au sein d’Ensembles, la musique s’est faite une place cardinale dans ma vie. Et quand les traditions du vivant et les répertoires populaires s’en sont mêlés, j’y ai trouvé des repères essentiels d’enracinement, de société, de fête, mais aussi une matière vivante et partagée dans laquelle me perdre, toujours en quête de sens, de vrai, d’histoires nouvelles à griffonner sur mon cahier.
Enfant, j'ai passé beaucoup de temps à écouter la musique de la chorale de mes parents, dans des lieux aux grands espaces. La platine vinyle prenait volontiers le relais à la maison : quelques disques trad. d'ici, de Hongrie, de Scandinavie ; de la chanson : Angelo Branduardi, Yacoub, Brassens, Sting... ; et toujours des chorales du monde entier.
C'est de ce terreau bigarré que je nourris librement ma composition, avec comme outil de travail, un accordéon.
C'est très pratique un accordéon dans l'exercice de la composition. J'y retrouve une matière polyphonique, un poumon, du souffle et une belle dynamique. Le faire chanter et travailler le son de l'instrument sont tout aussi plaisants.
Les premiers travaux d'écriture remontent aux années fac, où j'ai pu rencontrer quelques musiciens enthousiastes à jouer, faire sonner des ébauches de mélodies. J'ai appris beaucoup de Martin Chapron, Yann Le Bozec et Pierre Droual au sein du Quartet L'horloge ivre (et nom d'un tout premier disque). Nous avons passé une dizaine d'années à dessiner et défendre une musique aux allures impressionistes, dans un ensemble ouvert qui a accueilli entre autre Tony Hymas, Hugo Pottin, Erwan Hamon ou encore Janick Martin, inspirantes rencontres.
En parallèle, Le bénéfice du doute, duo partagé avec Mael Lhopiteau (harpe) creusait lui aussi le sillon d'une composition instrumentale et acoustique, faisant la part belle aux silences, à la respiration. Jean Rochard, fondateur de La maison des disques nato, nous a invité à enregistrer ce répertoire, et accompagné dans sa mise en œuvre.
La rencontre de Jean et la découverte de la collection nato ont été sources d'inspiration, de réflexion sur les manières de jouer de la musique, de l'écouter, de l'enregistrer. Beaucoup de rencontres et d'échanges ont marqué cette période où "improviser" a pris un sens nouveau et attirant.
Invité à trois reprises à participer à des enregistrements du label, j'ai aussi été convié à jouer Cantilènes pour Boris Vian, en trio avec mes chères Catherine Delaunay et Anamaz.
Quelqu'aventures bretonnes ont discrètement mais notablement nourri ma musique: Le Quatuor Poisson-Chat, co-écrit avec Antoine Péran, en compagnie de Pierre Droual et Juliette Divry, et le trio formé à l'occasion d'une carte blanche, avec Jeff Alluin et Mael Morel.
En 2018, Laurent Chailloux, facteur d'accordéon, me propose de jouer sur un nouvel instrument, au son très différent. D'autres possibles se dessinent, et je prends en main ce Maugein en jouant régulièrement avec Meriadeg Lorho-Pasco. Ce duo complice, porté par La Compagnie des possibles, puise dans la matière des collectages de mélodies bretonnes, point de départ d'une recherche de son, de timbres, de chemins d'improvisation et d'écriture.
Je me consacre en 2019 à quelques travaux de composition et d'arrangements pour Gloze (chants du Moyen-Orient) ou encore Ital Express (musique bretonne à danser), groupes pour lesquels je développe ma pratique d'écriture sur logiciel.
Une parenthèse malgache m'amène à rencontrer des musiciens de Diego Suarez début 2020. Marqué par ce voyage, j'atteris en Bretagne des remises en question plein les valises. Un mois plus tard sonnait le début du confinement.
Cette longue pause était l'occasion d'échanger des mots, et de s'essayer à la mise en musique de textes d'amis. Le disque Ce sont nos parenthèses, produit par La Compagnie des Possibles, témoigne de ces échanges hors temps.
Depuis 2020, j'ai rejoint le Quartet "Sillons" de Jean-Luc Thomas, improvisateur généreux et musicien atypique. On y retrouve Hugo Pottin mais aussi Simon Le Doaré que je ne connaissais pas, compositeur talentueux qui a récemment écrit un arrangement du répertoire "Sillons" pour septet, invitant Pauline Willerval, Marie-Suzanne de Loye et Catherine Delaunay à nous rejoindre.
L'été 2023 est marqué par une création éphémère, portée par Florian Baron. Nous arrangeons ensemble un patchwork de ses compositions et de chants indiens portés par Parveen Khan. Hugo Pottin et Pierre Droual sont de la partie. Le Quintet Sangam s'est reformé récemment, le temps de quelques concerts.
Cette même année, La Compagnie Marseillaise Terracanto travaillait sur les collectages d'Alan Lomax en Italie dans les années 50. La nouvelle création Mulattera est un Quintet pour trio vocal, percussions et accordéon autour de ces chants.
En 2024, Le Logelloù m'accueille en résidence pour créer une pièce électro-acoustique avec le logiciel Logelloop. Je m'entoure alors de Mael Lhopiteau et Camille Le Jeune, et compose autour de texte de la poétesse trégoroise Yvonne Le Fustec.
Depuis quelques mois, mon travail prend des directions bien différentes.
Je découvre et expérimente au sein du duo EntrelacS2 quelques pièces de Mikaël Seznec, dont la matière et la forme puise dans des systèmes musicaux et des rythmes de provenance diverses : Afghanistan, Baloutchistan, Bretagne, Delta du Mississipi, Ethiopie, Inde du nord, Mali et Tanzanie. L'idée centrale est de partir de cette matière pour imaginer de nouvelles pistes de composition et d'improvisation où des sonorités, rythmes et couleurs s'entrelaçent.
Par ailleurs, Zita Kovács m'invite à travailler sur un répertoire de chansons hongroises qui ont rythmé le quotiden de son enfance.